à l'origine

Il y a plusieurs années, mon père a entrepris d’écrire ses mémoires. À maintes reprises, je l’ai entendu regretter que sa femme, en l’occurrence ma mère, n’en fasse pas de même. Il répétait souvent cette jolie phrase qu'il avait empruntée à l'écrivain Amadou Hampâté Bâ  « ...un ancien qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle »

Les idées cheminant, je me suis réveillée un matin en me disant que j’avais trouvé une situation idéale pour m’exercer. Recueillir les récits de ma génitrice au gré d’entretiens plus ou moins spontanés et offrir à mes parents un extrait de leurs souvenirs communs ou non.

L’entreprise peut paraître audacieuse et le contexte délicat. J’ai avancé tranquillement en fonction de nos périodes de retrouvailles familiales au fil desquelles j'ai poursuivi nos entretiens, à un rythme plus ou moins régulier selon les disponibilités de l’une ou de l’autre. Puis la protagoniste a choisi les photographies pour donner au récit toute sa saveur. 
Le premier jet saisi et soumis, les yeux se sont embués. Je ne m’attendais pas à tant d’émotion. Drôle de sentiment qu’elle m’a confié alors, le rappel saisissant des souvenirs mêlé à l’impression de lire les aventures d’une autre.

J'ai travaillé ensuite à la création d'un album qui illustre un extrait de ces récits : une mise en image, une mise en valeur des mots, à partir de techniques mixtes (collages, dessins, utilisation des logiciels infographiques...)





En pratique, les entretiens duraient en général 30 à 45 minutes. Je lançais un sujet sous la forme : « et toi quand tu étais … ? », ou je rebondissais sur l’évocation d’un de ses souvenirs et sortais mon carnet pour prendre des notes. J’y écrivais des mots, des phrases entières lorsque le débit me le permettait pour, au moment de la rédaction, ne pas trahir son langage. Je veillais alors à rester au plus près de sa parole, le vocabulaire et la syntaxe devant rester ceux de l’auteur.


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